Thérèse Talieu
Sœur Rose de Saint-Xavier
Religieuse sacramentine de Bollène.
Originaire de Bollène où elle était née le 13 septembre 1746
de François Talieu et de Thérèse Rose Durand, Madeleine Thérèse fut baptisée le
jour même de sa naissance. Son oncle Antoine Talieu et Madeleine Février, épouse
de Jean Meyssonnier, la présentèrent aux fonts baptismaux.
Elle avait 24 ans quand elle fut admise au couvent du
Saint-Sacrement de Bollène. Le 3 décembre 1770, elle y recevait le saint habit
des mains du vicaire-général de l'évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, et le 5
décembre 1771, elle prononçait ses vœux en présence du même archidiacre et de
plusieurs membres de sa famille. Son nom de religion fut Sœur Rose de
Saint-Xavier.
Conduite à Orange, le 2 mai, elle fut jugée et guillotinée le
12 juillet, avec les sœurs Marguerite de Justamond, Jeanne de Romillon et Marie
Cluse. L'accusateur public réclama pour elles la peine capitale parce qu'elles
avaient « avec obstination refusé le serment qu'on leur prescrivait, et parce
qu'elles avaient propagé le plus dangereux fanatisme ». Avec elles périt l'abbé
Pierre Gonnet, vicaire de Joncquières, coupable des mêmes crimes.
La sœur Talieu et ses compagnes chantèrent le Magnificat
en allant à la mort, et livrèrent avec joie leur tête au bourreau. «Après avoir
passé vingt-quatre ans dans la pratique des vertus les plus humbles, elle donna
sa vie pour la défense de la vérité.» Elle avait 48 ans.
Une sœur converse du même nom et du même couvent, originaire
du même pays : Madeleine-Thérèse Talieu, appelée en religion Sœur
Saint-François, et fille de Sébastien Talieu et de Madeleine-Élisabeth
Meyssonnier, entrée au couvent le 19 juillet 1770, était incarcérée à Orange
avec Sœur Rose de Saint-Xavier. L'amour qu'elle avait voué à son état de
converse, la portait à ce qu'il y avait de plus pénible et de plus humiliant,
dans la prison, pour le service de ses sœurs. Elle avait, au dire des relations
contemporaines, une prédilection pour le soin des malades, et c'est avec une
véritable joie qu'elle soignait les religieuses enfermées avec elle. Le 26
juillet, elle fut appelée au Tribunal. Le juge lui dit: « Qui es-tu ? » — « Je
suis Madeleine Talieu, converse du Couvent du Saint-Sacrement de Bollène ». —
« Veux-tu prêter serment ? » — « Non, je ne veux pas prêter serment ». —
« Pourquoi ? » — « Parce que ce serment est contraire à ma conscience ». —
« Aimes-tu le roi ? » — « J'aime mon prochain » ; et elle répéta d'une voix
forte, et par trois fois : « J'aime mon prochain. Ne m'en demandez pas
davantage, parce que je ne pourrai pas vous répondre, n'étant qu'une pauvre
ignorante ».
Cette sœur Talieu fut condamnée à la détention jusqu'à la
paix, puis rendue à la liberté le 13 pluviôse an III (1er février
1795), elle se retira à Bollène où elle mourut en 1841, à l'âge de 80 ans. M.
Prosper Pellegrin, jadis chanoine de la métropole d'Avignon, était son
petit-neveu.
Abbé Méritan

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