Sylvie de Romillon
Sœur Agnès-de-Jésus.
Religieuse ursuline de Bollène.
Née à Bollène le 15 mars 1750, fille de Gabriel-Louis de
Romillon et de Françoise Thune, elle reçut le saint baptême dès le lendemain de
sa naissance : et ce fut son oncle paternel Messire François de Romillon,
chanoine de la collégiale de Bollène, qui le lui administra.
Son enfance s'écoula paisible et sans éclat au foyer
paternel, sous la sauvegarde de parents chrétiens dont les leçons et les
exemples développèrent dans leur enfant le goût de la piété et des choses de
Dieu. La vocation religieuse fut la récompense de la fidélité de Sylvie à suivre
les enseignements qui lui étaient si généreusement donnés, et à l'âge de 20 ans,
elle faisait profession au couvent des Ursulines de Bollène, et recevait le nom
de Sœur Agnès-de-Jésus.
Amenée, avec les vingt-huit autres religieuses de Bollène, à
la prison de la Cure à Orange, elle ne se dissimula pas un seul instant qu'elle
serait immolée à cause de son attachement à la Foi, et mit tous ses soins à
achever sa préparation au sacrifice. Dans la persuasion où elle était que Dieu
ne tarderait pas à l'appeler au martyre, et dans la hâte qu'elle avait de
répondre à son appel, elle ne cessait de se présenter, sans être nommée, toutes
les fois que le geôlier proclamait la liste des prisonnières convoquées au
tribunal.
Son tour vint enfin le 10 juillet. Accusée de fanatisme, et
convaincue d'avoir refusé le serment, elle fut condamnée à mort et exécutée le
même jour.
Or, dans la même prison était enfermée sa sœur cadette
Jeanne. La plus tendre affection unissait les deux sœurs. Leur piété, leur désir
du martyre avait encore rapproché leurs âmes. Aussi, le matin de ce 10 juillet,
quand Jeanne vit emmener sa sœur au tribunal, elle ne put retenir ses larmes.
« Comment, lui dit-elle, parmi les sanglots, comment, ma sœur, vous allez au
martyre sans moi ? Que ferai-je donc loin de vous ? — Courage, ma sœur, lui
répondit Sylvie, votre sacrifice n'est que différé ». La prophétie devait se
réaliser deux jours plus tard. Le 12 juillet, Jeanne comparaissait à son tour
devant le tribunal, était condamnée à mort et exécutée.
Abbé Méritan

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