Marie-Rose Laye
Sœur Saint-André
Sœur converse ursuline de Bollène.
Marie-Rose était née à Bollène, le 26 septembre 1728, de
Joachim Laye et de Marie-Anne Vallier ; ses parents étaient cultivateurs, et
géraient, en qualité, les propriétés que Chartreux possédaient sur le territoire
de Bollène. Elle fut baptisée le même jour, Pierre Pélegrin et Marguerite
Billard la tinrent sur les fonts baptismaux.
Marie-Rose avait vingt-cinq ans lorsqu'elle demanda, le 14
janvier 1753, à être admise comme sœur converse chez les Ursulines de Bollène.
La postulante reçut le nom de Sœur Saint-André. D'un courage égal à celui de ses
compagnes et portant, dans sa simplicité douce et humble, la sainte intrépidité
des âmes fidèles jusqu'à la mort, elle ne voulut pas se séparer de ses sœurs, et
le 2 mai, elle arrivait avec elles à Orange. Deux mois après elle comparaissait
devant ses juges et recevait la palme du martyre.
Mais tandis que la plupart des saintes victimes passèrent
dans la paix la plus profonde, et quelques-unes dans une vive allégresse, les
dernières heures qui leur restaient à vivre ici-bas, Sœur Saint-André tomba la
veille de sa mort dans une grande tristesse. Son abattement fut bientôt extrême
et son visage défait, ses larmes abondantes rendirent visibles les angoisses
secrètes dont son âme était assiégée. Ses compagnes se méprirent tout d'abord
sur la cause de l'anxiété terrible où elles voyaient leur pauvre sœur. On
craignait qu'ayant vu périr un grand nombre de ses compagnes, elle n'appréhendât
de mourir à son tour. Mais on fut vite détrompé. Comme on s'empressait autour
d'elle, prête à la consoler et à l'encourager, une des sœurs lui demanda la
cause de son abattement. «C'est que, dit-elle, j'ai peur que Dieu ne me juge pas
digne de la couronne du martyre !»
Cette humilité ne resta pas sans récompense. Le lendemain, la
tristesse avait fait place à une sainte joie, le plus fier courage avait succédé
à l'inquiétude. Le président lui ayant demandé de prêter le serment, lui
promettant, en retour, la liberté et la vie. — « Non, dit-elle, je ne le
prêterai pas ; ma conscience et la loi de mon Dieu me le défendent ».
Sœur Saint-André avait soixante-six ans, et depuis quarante
et un ans, elle servait Dieu sous la règle de Sainte Ursule.
Abbé Méritan
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