Marie
Cluse
Sœur Marie du Bon-Ange
Sœur converse sacramentine de Bollène.
Elle était née à Bouvante en Dauphiné (aujourd'hui du
département de la Drôme), le 5 décembre 1761, de Jean Cluse et de Madeleine
Béguin. Nous n'avons aucun renseignement sur son père ; mais nous savons que sa
mère avait une sœur Marie-Anne Béguin-Royal, religieuse converse du
Saint-Sacrement de Bollène, où elle avait fait profession le 26 mai 1761. La
pieuse tante ne tarda pas à attirer près d'elle sa nièce, et le 15 octobre 1782,
Marie Cluse recevait le saint habit des mains de l'évêque de
Saint-Paul-Trois-Châteaux, Pierre François Xavier de Lambert. Sa mère et son
frère assistaient à la cérémonie. Ils se retrouvaient l'année suivante, le 4
novembre 1783, à la profession de leur fille et sœur, profession que recevait
encore, en personne, Mgr de Lambert.
Sœur Marthe du Bon-Ange (tel était son nom de religion), bien
qu'elle fût du rang des sœurs converses, avait eu ainsi un honneur que nombre de
sœurs de chœur n'avaient pas reçu : la présence à sa vêture et à sa profession
du pieux et charitable Mgr de Lambert. Nous ignorons à quel concours de
circonstances elle le dut. Mais nous ne serions pas étonnés que Mgr de Lambert,
si bon pour les humbles, si généreux pour les pauvres, ait voulu seulement
honorer ainsi et relever, aux yeux de la communauté, le rang de sœur converse,
et l'obscurité de ses fonctions. Le saint prélat n'avait-il pas, un jour que
l'évêque de Viviers, Mgr de Simiane, grand seigneur et grand veneur, le priait
de lui montrer sa meute, rassemblé dans la cour de sa demeure, les pauvres et
les infirmes de sa ville épiscopale, et n'avait-il pas dit à son fastueux
collègue : « Voilà mon équipage ? »
Marie Cluse, devenue Sœur du Bon-Ange, se montra digne de ce
très honorable parrainage. Dieu la récompensa de son humilité, de sa patience,
de ses humiliations en l'appelant bientôt à la couronne du martyre. Arrêtée à
Bollène, transférée à Orange, elle fut jugée le samedi 12 juillet. Le soir du
même jour, elle montait sur l'échafaud. Sur son visage que la nature avait fait
d'une régularité et d'une beauté surprenantes, se jouait un reflet de la joie
céleste dont son âme était pleine. Le bourreau en la voyant fut épris et lui
promit de la sauver si elle consentait à l'épouser. Mais la « généreuse
athlète », indignée d'une pareille proposition, le repoussa brusquement. —
« Fais ton métier, dit-elle, je veux aller, ce soir, souper avec les anges ! »
Elle était la plus jeune des religieuses immolées avec elle.
Âgée de 32 ans, elle avait passé douze ans dans la vie religieuse.
Abbé Méritan

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