Marie-Anne Lambert
Sœur Saint-François
Sœur converse ursuline de Bollène.
La famille de Marie-Anne Lambert habitait Pierrelatte en
Dauphiné (aujourd'hui du département de la Drôme). Son père était marchand
drapier, et sa mère Thérèse Mouraret appartenait à un foyer modeste, mais
profondément chrétien. Notre bienheureuse naquit le 17 août 1742, fut baptisée
le même jour et eut pour parrain son oncle Jean Lambert et pour marraine sa
tante Marianne Mouraret.
Après une enfance pieuse, elle entra à l'âge de 22 ans chez
les Ursulines du couvent de Bollène où elle fit profession en qualité de sœur
converse, le 8 octobre 1765. Sa vie au couvent pareille à la vie de ses humbles
compagnes, uniforme en sa ferveur sanctifiante, en son obéissance de toutes les
heures. Les emplois qui lui furent confiés et qu'elle remplit avec une parfaite
abnégation, le sacrifice perpétuel de sa volonté qu'elle sut ne jamais dérober
aux ordres de ses supérieures, la disposèrent à l'immolation que Dieu devait,
après vingt-neuf ans de vie religieuse, lui demander ; et quand l'épreuve arriva
elle était prête. Le cloître avec ses austérités et ses renoncements l'avait
préparée à consentir simplement et joyeusement le sacrifice suprême.
Cette simplicité, elle la garda jusqu'au bout. La communauté
une fois reconstituée, elle mit au service de ses sœurs dont l'installation
improvisée dut être une épreuve quotidienne pour la patience des converses, la
même complaisance douce et prompte. Elle avait fait véritablement de sa
communauté sa seconde famille, et il n'était services délicats et méritoires
dans leur bassesse, qu'elle ne fût empressée à lui rendre.
Absente par obéissance, de Bollène, quand les sœurs furent
mises en état d'arrestation, elle ne fut pas, pour cela, frustrée de la gloire
du martyre. Arrêtée à son tour le 12 juin, elle fût amenée, le lendemain à
Orange, avec le père Jean Mathieu Fiteau, jésuite, qui fut à 78 ans le 9
juillet, le compagnon de sacrifice de Marie-Anne de Rocher, Sœur Marie-des-Anges.
Sœur Saint-François survécut quatre jours seulement à ce
vénérable religieux. Le 13 juillet, elle comparaissait devant ses juges. Cinq
religieuses, et leur supérieure Mme de Roquard, étaient jugées avec elle. La
mort du martyre effaçait les distances. L'humble converse était au même rang que
la mère supérieure et allait recevoir la même couronne. Elle mourut aussi
simplement qu'elle avait vécu, chantant sur le chemin du supplice le cantique
d'action de grâces, et livrant au bourreau une vie qui durant cinquante-deux ans
s'était déjà consumée lentement au service de Dieu et du prochain.
Abbé Méritan

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