Andrée Minutte
Sœur Saint-Alexis
Religieuse sacramentine de Bollène.
Elle était née à Sérignan, comme la sœur Henriette Faurie
dont elle devait partager le martyre : mais elle apportait à Dieu plus que des
prémices. Une longue vie dans le cloître l'avait préparée à mourir pour son
Dieu.
Née le 4 février 1741, d'Alexandre Minutte et de Marie-Anne
Goudareau, elle fut baptisée le même jour et eut pour parrain son grand-père
Timothée Goudareau et pour marraine Claire Reboul. Après la mort de sa mère,
elle demanda et obtint son admission au couvent du Saint-Sacrement de Bollène.
Le 20 mai 1760, elle prenait l'habit, et échangeait son nom de famille contre
celui de Sœur Saint-Alexis. L'abbé Charaix, vicaire général de l'évêque de
Saint-Paul-Trois-Châteaux, présida la cérémonie, à laquelle le père de la
postulante et ses oncles et tante assistèrent.
L'année suivante elle faisait profession solennelle « des
vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, des règles de Saint-Augustin et des
Constitutions du vénérable Père Antoine du Saint-Sacrement de l'ordre de
Saint-Dominique » entre les mains du même abbé Charaix et en présence de son
père, de ses oncles, de son frère et d'une assez nombreuse parenté.
Elle vécut trente-trois ans dans son couvent, et n'en sortit
qu'en octobre 1792, pour gagner sur les instances de ses parents la maison
paternelle où elle passa dix-huit mois. Arrêtée quelques jours après les
vingt-neuf religieuses de Bollène, Sœur Saint-Alexis suivit jusqu'à la fin le
sort de la pieuse communauté, prit sa part, dans la prison, de leurs exercices
et de leurs prières, et comparut avec la sœur Faurie et quatre autres, le 13
juillet, devant la Commission populaire. Interrogée à son tour, si elle voulait
consentir à prêter serment, elle refusa et fut condamnée à mort. En face de
l'échafaud, son énergie ne se démentit pas. « Sa mort, disent les souvenirs de
sa famille religieuse, fut aussi édifiante que courageuse ». Elle avait 54 ans.
Abbé Méritan

|